CNPM

REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE

MINISTERE DE LA SANTE

Centre National de Pharmacovigilance et de Matériovigilance

Professeur ABDELKADER HELALI

Autres informations médicales

Le fenugrec est une herbacée aromatique annuelle, largement cultivée dans les pays méditerranéens et en Asie.

Elle est scientifiquement connue sous le nom de Trigonella foenum-graecum, elle appartient à la famille des Fabaceae et au genre botanique Trigonella qui vient du latin «trigonum» signifiant trigone/triangle, se référant probablement à la forme triangulaire des fleurs. Le nom latin de l’espèce foenum-graecum signifie« foin grec », en référence au parfum intense de la plante séchée du fenugrec (1).

Utilisation traditionnelle

Le fenugrec est utilisé depuis de longue date dans les pays arabes.

Les graines ont des propriétés nutritives importantes et des effets hypocholestérolémiants, elles sont traditionnellement utilisées comme stimulant de l’appétit et pour la prise de poids, cette plante est également consommée comme fortifiante par les femmes après l’accouchement.

Il est aussi utilisé dans le traitement des plaies, diarrhées, acné, déshydratation, anémie, bronchite, rhumatismes, maux d’estomac, hypertension artérielle, constipation soit sous forme de décoctions, soit de graines réduites en farines et mélangées avec le miel.

Il est aussi reconnu pour combattre et réduire la chute de cheveux (2).

Effets thérapeutiques

Plusieurs effets bénéfiques sur la santé ont été attribués à la consommation du fenugrec.

Actuellement, un grand nombre d’études ont mis en lumière les propriétés médicinales du fenugrec, telles que les propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, antidiabétiques, anticancéreuses, hépatoprotectrices, hypolipidémiantes, promouvant  la santé féminine, ainsi que la santé sexuelle (3).

Les actions biologiques et pharmacologiques du fenugrec sont attribuées à la variété de ses constituants, Les graines sont riches en hydrates de carbone (45 à 60 %),principalement des fibres mucilagineuses, 20-30 % de protéines (riches en lysine et tryptophane), 5 à 10 % d’huiles fixes (lipides), les alcaloïdes (pyridine principalement trigonelline) (0,2-0,38%), la choline (0,5%), les flavonoïdes (apigenine, lutéoline, orientine, quercétine, vitexine et isovitexine), des acides aminés libres tels que la 4-hydroxy-isoleucine (0,09 %), le calcium et le fer, les saponines (0,6- 1,7 %), le cholestérol, les vitamines A, B1, C et 0,015 % d’huiles volatiles (les sesquiterpènes) (4).

Effets indésirables

1. Effet sur la reproduction

Des études chez l‘animal ont conclu que le fenugrec pouvait être responsable d’effets nocifs sur la reproduction. Une étude menée sur des rongeurs femelles a révélé que l’administration orale de graines de fenugrec en poudre (200 mg/rat) pendant 30 jours s’accompagnait d’une dépression significative des niveaux d’hormones femelles, une régression apparente du poids des ovaires et une dissolution remarquable de certains follicules (5).

D’autre part, l’administration de poudre de graines de fenugrec à raison de 200 mg/rat par jour pendant 30 jours chez des rats mâles a provoqué une diminution significative des hormones circulantes LH et testostérone, ainsi qu’une réduction significative de la fertilité et du poids des testicules accompagnée d’une dégénérescence de certaines cellules spermatogènes, des changements nécrotiques dans les cellules germinales et une perturbation importante du stroma interstitiel (5).

2. Effet tératogène 

Chez l’homme, des cas de malformations congénitales prononcées ont été rapportés dans la littérature, telles que l’hydrocéphalie et le spina bifida constatés chez des femmes ayant consommé des graines de fenugrec pendant la grossesse (6).

En 2013, il a été noté qu’après l’administration du fenugrec à des doses maximales tolérées de 153 ; 305 et 610 mg/kg par jour chez les souris albinos, un effet tératogène foetotoxique avec des perturbations dans la procréation (7).

3. Effet neurotoxique

Des études expérimentales chez l’animal ont révélé que l’exposition prénatale de souris à une forte dose de graines de fenugrec a altéré les performances neurocomportementales (y compris une diminution de la locomotion, une altération de la coordination motrice et de la mémoire spatiale à court terme) dans la période post-sevrage (8).

4. Effet cellulaire et moléculaire

Une étude récente révèle que l’administration orale unique d’un extrait hydroalcoolique de graines de fenugrec (1000 mg/kg) chez des souris (une seule fois et observée jusqu’à 14 jours après le traitement) provoque des lésions rénales et des altérations mineures du poids corporel, du foie, des paramètres hématologique et biochimiques du sang (9).

5. Effet allergisant et antigénique

L’emploi prolongé des graines de fenugrec en application externe provoque parfois des réactions allergiques (10). Une étude a rapporté des problèmes de sensibilisation respiratoire (oppression à la poitrine, toux, asthme) à la poussière de fenugrec chez un travailleur de l’industrie alimentaire.

Un test respiratoire (provocation bronchique) et un test cutané (prick) ont donné une réponse positive.

De plus, une présence d’IgE spécifique a été démontrée par un test immunologique (RAST) (11).

En 2015, une équipe suisse a publié un cas de réaction cutanée sévère de nécrolyse épidermique toxique, provoquée par le fenugrec chez une femme de 32 ans qui l’avait pris régulièrement pendant 4 semaines pour améliorer la lactation (12).

6. Effet Gastro-intestinal

Des diarrhées et des flatulences transitoires ont été signalées, en raison de non fermentation des fibres du Fenugrec par la flore intestinale humaine, et pouvant donc avoir un effet laxatif (13).

7. Interactions

Il existe une interaction potentielle entre le fenugrec et un certain nombre de médicaments (14) dont les anticoagulants oraux (15). Il est donc recommandé si l’on suit un traitement par anti-vitamine K ou par Warfarine de surveiller ses données biologiques de manière rapprochée lors de l’initiation d’un régime à base de fenugrec.

Les préparations à base de fenugrec peuvent interagir avec d’autres médicaments administrés simultanément, en particulier ceux ayant des effets similaires ou opposées.

L’utilisation concomitante du fenugrec avec d’autres agents hypoglycémiants peut potentialiser l’effet hypoglycémiant, une surveillance régulière de la glycémie est recommandée.

D’autre part, les produits à base de fenugrec peuvent interférer avec l’absorption des médicaments oraux en raison de leur contenu en fibres mucilagineuses et de leur haute viscosité dans l’intestin, les médicaments doivent être pris séparément de ces produits (13).

Références bibliographiques

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  • (9) Kadhare Ad et coll. ʺAcute and repeated doses (28 days) oral toxicity study of glycosides based standardized fenugreek seed extract in laboratory miceʺ Regu Toxicol Pharmacol 2015; 72 (2): 323-334.
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  • (11) Dugué P.ʺFenugreek causing a new type of occupational asthmaʺ Presse Med 1993; 22 (19): 922.
  • (12) Bentele-Jaberg N et coll.ʺThe Phytotherapeutic Fenugreek as Trigger of Toxic Epidermal Necrolysisʺ Dermatology 2015; 231 (2): 99-102.
  • (13) Catherine U et coll. ʺFenugrec (Trigonella foenum-graecum L. Leguminosae): une revue systématique fondée sur des preuves par la collaboration de recherche standard naturelʺJ Herb Pharmacother 2007; 7 (3-4) : 143-77.
  • (14) Izoo AA.ʺ PAF et le tube digestif. Une critiqueʺ J Pharm Pharmacol 1996; 48 (11) : 1103-1111.
  • (15) Heck AM et coll. ʺPotentiel interaction between alterative merapies and warfarineʺAMJ Heath Syst pharm 2000; 57 (3): 1121-1227.

Dernière mise à jour : Septembre 2022

Les produits à base de plantes, souvent considérés à tort comme “médecine douce”, sont parfois à l’origine d’effets indésirables graves et peuvent interférer avec de nombreux médicaments (1). Contrairement aux médicaments de synthèse, les plantes médicinales et les produits de phytothérapie contiennent de nombreux principes actifs.

Ainsi, le risque d’interactions entre les plantes et les médicaments est, en théorie, supérieur au risque d’interactions entre les médicaments. Des rapports de cas et des études cliniques ont souligné l’existence de nombreuses interactions, bien que les relations de cause à effet n’aient pas toujours été établies (2).

Mécanismes d’interactions

Le mécanisme de ces interactions peut être d’ordre pharmacocinétique ou pharmacodynamique (2).

1. Interactions pharmacocinétique
  •  Modification de l’absorption

Dans ce cas, nous allons obtenir soit une diminution, soit une augmentation du passage du médicament dans le sang, prenons l’exemple des laxatifs de lest, constitués par des classes de produits appartenant aux gommes, mucilages, pectines et fibres végétales (lin, guimauve, psyllium, ispaghul), ils forment des solutions colloïdales qui «piègent» les médicaments et ralentissent leur absorption comme les antidépresseurs tricycliques, le lithium, les hypocholestérolémiants, les antalgiques, les antibiotiques..

Il est donc conseillé de prendre ces laxatifs à distance des autres médicaments (plus de deux heures) (3).

  • Modification de la distribution

Ce mécanisme apparait d’une grande importance pour les médicaments fortement liés aux protéines plasmatiques, avec un risque accru d’apparition d’effets indésirables (EI). Jusqu’à présent aucune interaction plante/médicament impliquant ce mécanisme n’a été rapportée dans la littérature, mais d’un point de vue théorique les substances phytochimiques peuvent interagir sur certains transporteurs (Breast Cancer Resistance Protein (BCRP), glycoprotéine P (P-gp), Multidrug Resistance Protein 1(MRP1)…) et altèrent la distribution des médicaments vers certains tissus. Le curcumin par exemple, inhibe la BCRP et favorise ainsi la pénétration de la sulfasalazine à travers la barrière hémato-encéphalique (4).

  • Modification du métabolisme

Effets sur le cytochrome P450

Un grand nombre de plantes et de composants naturels isolés de plantes ont été identifiés comme étant des substrats inhibiteurs ou inducteurs de différentes isoenzymes du CYP (2).

En présence d’un inhibiteur enzymatique, la demi-vie d’élimination plasmatique des médicaments métabolisés est augmentée, ce qui va entrainer une élévation des taux plasmatiques et une augmentation de l’effet médicamenteux et de la toxicité. En présence d’un inducteur enzymatique, les médicaments métabolisés par le cytochrome P450 sont dégradés plus rapidement et voient leur concentration plasmatique baisser, leur effet thérapeutique peut donc diminuer (5).

L’exemple le plus cité dans la littérature concerne l’usage du Millepertuis dans les manifestations dépressives légères et transitoires, le Millepertuis est un puissant inducteur du cytochrome P450 3A4, responsable du métabolisme d’environ la moitié des médicaments couramment utilisés en thérapeutique, les médicaments métabolisés par cette voie seront donc plus rapidement éliminés de l’organisme.

Ainsi, une perte d’efficacité de la ciclosporine a été observée chez des patients greffés du rein et des cas de rejet de greffe de cœur et de foie ont également été décrits. Le millepertuis peut diminuer l’efficacité des contraceptifs oraux, à l’instar de la carbamazépine, un autre inducteur du cytochrome P450 3A4. Les taux d’antiviraux tels que l’indinavir peuvent être fortement abaissés (jusqu’à 60%) ce qui expose le patient à un risque d’échec thérapeutique (6).

Effets sur la glycoprotéine P (gpP)

Comme le CYP, la gpP est sensible à l’induction ou l’inhibition par les plantes ou les constituants de plantes. L’induction de l’expression de la gpP entraîne une diminution des concentrations des médicaments associés, qui sont des substrats de cette protéine ; à l’inverse, son inhibition entraîne une augmentation des concentrations de ces médicaments (2).

Dans une étude clinique sur volontaires sains il a été démontré qu’une co-administration du saquinavir (substrat de la p-gP) et de l’ail provoque une diminution des concentrations plasmatiques du médicament (7).

  • Modification de l’élimination

Les extraits de plantes ayant des propriétés diurétiques (ex: genévrier, prêle, queue de cerise, pissenlit etc.) peuvent augmenter l’excrétion des médicaments, la possibilité d’une interaction plante/médicament de ce genre est rare. La revue de la littérature scientifique ne rapporte qu’une seule étude clinique démontrant que l’association du lithium à une substance diurétique entraîne un risque de diminution de son excrétion rénale et donc une augmentation de la lithémie avec des signes de surdosage (nausées, vomissements, confusion, agitation, tremblements et dysarthrie). Cette association est donc déconseillée (8).

2. Interactions pharmacodynamiques

En ce qui concerne les interactions pharmacodynamiques, il peut s’agir soit d’une synergie d’action lorsqu’une plante médicinale potentialise l’action d’un médicament, soit d’un antagonisme lorsqu’une plante médicinale diminue l’efficacité d’un médicament (2).

  • Synergie

Des plantes ayant des propriétés sédatives, anticoagulantes, antihypertensives… peuvent s’influencer mutuellement avec des médicaments qui seraient pris pour le même but. Le cas le plus fréquent concerne les accidents de saignement survenus chez les patients qui combinent des médicaments anticoagulants avec des plantes riches en composés coumariniques, salicylates ou ayant des propriétés antiagrégantes (9).

Dans une étude clinique sur des patients traités par warfarine (anticoagulant) et consommant différents types de suppléments naturels notamment le gingembre, il a été observé une augmentation statistiquement significative du nombre de saignements (10).

  • Antagonisme

La Réglisse, dont les racines sont très utilisées pour stimuler le sevrage tabagique et en tant que laxatif, provoque une augmentation de la pression artérielle accompagnée d’une rétention hydro-sodée et d’une perte excessive du potassium. L’action pharmacodynamique de la Réglisse peut antagoniser l’effet d’un traitement antihypertenseur tel que l’Enalapril (11).

Conclusion

L’association entre préparations phytothérapeutiques et médicaments peut être responsable d’interactions médicamenteuses parfois sévères. La popularité de produit «naturels» ne devrait pas faire oublier que l’activité de leurs composants repose sur les mêmes principes pharmacocinétiques et pharmacodynamiques que les autres principes actifs (6).

Pensez à poser la question au patient pour voir s’il recoure régulièrement à la phytothérapie afin d’éviter ce type d’interactions.

Références bibliographiques

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  • (5) Rodet J et coll. ” Structures impliquées dans les interactions pharmacocinétiques” Les interactions médicamenteuses : Guide d’information 2016 ; 2ème édition : 281-282.
  • (6) Schaad N ” Interactions entre les plantes médicinales et les médicaments” Rev Med Suisse 2003; 1 : 1011
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  • (9) Meisel C et coll. “Fatal Intracerebral Masse Bleeding Associated with Ginkgo biloba and Ibuprofen” Pub Med 2003; 167 (2) : 367.
  • (10) Shalansky S et coll. “Risk of warfarin-related bleeding events and supratherapeutic international normalized ratios associated with complementary and alternative medicine: a longitudinal analysis” Pharmacother. 2007; 27: 1237–47.
  • (11) Sigurjonsdottir HA et coll. “Subjects with essential hypertension are more sensitive to the inhibition of 11 beta-HSD by liquorice” Pub Med 2003; 17(2): 125-31.

Une préparation médicinale à base de plantes est une préparation pharmaceutique , dont la substance active est composée d’une ou de plusieurs substances végétales.

Les effets indésirables des préparations à base de plantes médicinales on été imputé le plus souvent à des défauts de qualité des préparations parfois même avant d’envisager l’utilité thérapeutique de ces préparations, les médecins préférant la prescription de ces préparations pour leurs patients doivent se poser la question sur leur qualité (1).

Les défauts de qualité ont des conséquences dramatiques, ils sont le plus souvent liées à :

Des compositions non conformes

qui sont dues en général à la confusion entre une plante d’usage à priori “sur “et une plante connue pour être toxique (2).

Exemple : le remplacement de plantes chinoises à visée amaigrissante censées être à base de Stephania tetrandra (une plante largement utilisée et réputée non néphrotoxique) par une plante toxique de genre Aristolochia fangchi (guang fang ji) a été à l’origine de dizaines d’insuffisances rénales durant les années 1990 avec une évolution fatale liée à un cancer du rein pour certains patients (3).

De plus, des cas de convulsions sont survenus au Pays-Bas chez des patients prenant des infusions de badiane, ont été attribués à une substitution partielle de la badiane de Chine (couramment utilisée à visée digestive) par la badiane du Japon (plante connu pour être toxique) (4).

Des contaminations

  • Accidentelles : tels que les métaux lourds, par une autre plante, par des micro-organismes pathogènes ou par des résidus agrochimiques.
  • Volontaires : délibérément une préparation à base de plantes avec une ou plusieurs substances médicamenteuses de synthèse pour assurer l’effet thérapeutique (5).

Exemple : un traitement chinois à base de plantes (utilisée pour traiter un diabète type I) était interdit aux États-Unis, après son analyse par un laboratoire , il apparait qu’il ne contient pas de plantes et que chaque gélule contient 2.9 mg de glibenclamide (un antidiabétique utilisé pour le diabète de type 2) (6).

Défaut dans le circuit de commercialisation

  • Une transformation industrielle délicate.
  • Les ventes parallèles.
  • Le non respect des bonnes pratiques officinales.

La qualité que les patients sont en droit d’attendre de produits censés agir bénéfiquement sur leur état de santé ne peut être assurée que si : (7).

  • Le produit est commercialisé dans un cadre réglementaire adapté.
  • Les bonnes pratiques de fabrication et pharmacopée pour compléter le dispositif sont assurés.
  • Les obligations et les sanctions en cas de non respect des obligations sont appliquées.

En pratique, Avant de prescrire, de conseiller ou de mettre en vente en pharmacie des préparations à base des plantes, il est important d’assurer qu’elles ont fait l’objet d’une fabrication et d’un contrôle rigoureux. La prévention des effets indésirables liés à de préparations médicinales à base de plantes passe aussi par une information fiable et indépendante des patients (8).

Bibliographie

  • (1) “Plantes : comment éviter les déconvenues” Revue prescrire 1996 ; 16 (166) :697-699.
  • (2) “l’homme et les plantes : incidents et accidents liés au végétaux-Risques de la phytothérapie” : In : Bruneton J “Plantes toxiques-végétaux dangereux pour l’homme et les animaux” 3ͤ éd. 2005 :4-25.
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  • (4) “Phytochimie-Plantes médicinales” :J.Bruneton 3e éd,Tec&Doc, Paris 1999 :571-573-578
  • (5) “Adulteration of Chines herbelmedicines with synthetic drugs:a systematic review” J Intern Med 2002;252:107-113.
  • (6) “plantes chinoises dopes” Revu prescrire 2007 ; 27 n° 286 :640.
  • (7) Règlement (CEE) n° 2309/93 du conseil du 22 juillet 1993 établissant des procédures communautaires pour l’autorisation et la surveillance des médicaments à usage humain et à usage vétérinaire et instituant une Agence européenne pour l’évaluation des médicaments” Journal Officiel L n° 2014 du 24.8.1993 :1.
  • (8) “Plantes : la qualité pharmaceutique avant tout ” Revu prescrire 2007 ; 27 n° 286 :624-631.

Les cosmétiques font partie intégrante de notre vie quotidienne depuis des milliers d’années. Les parfums, les eaux de Cologne et les lotions après-rasage contiennent des substances odoriférantes, les produits utilisés en cosmétique en contiennent aussi, tels que les déodorants, les shampoings, les fixatifs, les savons, les lotions pour le corps, la poudre pour bébés, les écrans solaires, d’autres produits utilisés dans la vie courante tels que les détergents à lessive, les assouplissants, les pâtes à dentifrices ainsi que d’autres produits d’hygiène.

Ces substances odoriférantes se retrouvent même dans les produits sur lesquels figure la mention « inodore » ou « sans fragrance », ils contiennent souvent une « fragrance de masquage » pour dissimuler l’odeur désagréable d’autres ingrédients (1).

En outre, de nombreux produits contiennent des extraits botaniques parfumés qui ne sont pas indiqués comme des fragrances sur l’étiquette. L’aromathérapie et la massothérapie sont en vogue de nos jours et exposent les clients et les praticiens à un contact répété avec des huiles essentielles très parfumées.

Par conséquent, les réactions allergiques aux produits cosmétiques sont de plus en plus signalées (2).

 
Aspects chimiques

Tableau 1 : Concentrations des fragrances dans les produits de consommation

Parfum20 % – 40 %
Eau de toilette5 % – 30 %
Eau de Cologne 4 % – 5 %
Assouplissant en feuilles± 7 %
Produit nettoyant
pour salles de bains ± 5 %
Shampoing 0,5 % – 4 %
Désodorisant 0,5 % – 2 %
Savon 0,5 % – 2 %
Lotions pour le corps0,3 % – 5 %
Maquillage et rouge à lèvres1 %
Détergents à lessive et à vaisselle 0,1 % – 1 %
Fragrance de masquage 0,1 %

La concentration des substances odoriférantes varie de 20 % dans un parfum à < 0,1 % dans une fragrance de masquage (tableau 1). Malgré le grand nombre de substances que l’on peut utiliser dans un parfum, les allergènes potentiels n’existent que dans un nombre limité de classes chimiques. Parmi celles-ci, les aldéhydes, les cétones et les cétones/aldéhydes α, ß insaturés prédominent (3).

En Europe, le comité scientifique de la sécurité des consommateurs (SCCS) a annoncé qu’environ 16% des patients atteints d’eczéma sont sensibilisés aux ingrédients parfumants, 1% à 3% de la population est allergique à ces ingrédients (4). Ces résultats sont tout à fait superposables à une autre étude conduite aux Etats-Unis par le Groupe d’étude la “North American Contact Dermatitis ” qui montrait une incidence de 14% d’allergie aux parfums sur les 3000 patients testés.

Cependant les études accessibles indiquent qu’un niveau général d’exposition allant jusqu’à 0,8 µg / cm2 (0,01% dans le produit cosmétique) doit être évité par des consommateurs (5).

Les signes cliniques :

Dermatite de contact allergique

La dermatite de contact allergique atteint fréquemment le cou, les zones rétro-auriculaires, le visage et les paupières (6). La voûte axillaire est souvent touchée en raison de l’usage de déodorants. Cependant, la sueur peut éliminer certaines des substances nocives. La dermatite de contact allergique sur la partie interne des poignets et le pli du coude causée par l’application de parfum peut simuler une dermatite atopique. Des lésions ano-génitales ont été signalées à la suite d’un contact avec des produits d’hygiène personnelle et du papier hygiénique humide (7). Les mains sont souvent touchées, car la plupart des produits parfumés entrent en contact avec les mains avant d’autres régions (8,9).

La photodermatite de contact

Ces réactions sont causées par le contact des rayonnements solaires et une molécule appelée « chromophore » qui absorbe les ultraviolets, le plus souvent les UVA, et peuvent être phototoxiques ou photoallergiques. Elle se manifeste au début par un érythème suivi d’une intense pigmentation. Les lésions se présentent habituellement comme des macules pigmentées en larme sur les côtés du cou (dermatite en breloque). Des rapports initiaux ont attribué ces lésions au parfum “Shalimar de Guerlain”, qui contenait de l’essence de bergamote. La bergamote est un petit agrume dont l’essence est riche en bergaptène, un agent photosensibilisant du type psoralène. L’essence de bergamote sans bergaptène, est utilisée actuellement en parfumerie.

Plus rarement, la photodermatite de contact de type photoallergique est causée par la coumarine, le baume du Pérou, la mousse de chêne ou d’autres extraits de lichen. Le musc ambrette, qui causait fréquemment une allergie de contact dans les années 1980, a été retiré du marché (10).

Figure 3 : réaction photonique à la bergamote

Dyschromies

La leucodermie périorale a été attribuée à la présence d’aldéhyde cinnamique dans une pâte dentifrice (11). L’hyperpigmentation, se manifeste fréquemment comme une pigmentation brun-gris, observée le plus fréquemment chez les femmes asiatiques. L’affection appelée mélanose de Riehl représente probablement une dermatite de contact pigmentée provoquée par des cosmétiques (12,13).

Figure 4: une femme atteinte d’une mélanose de Riehl

Urticaire de contact

Des réactions immédiates et de courte durée, caractérisées par des papules œdémateuses, un érythème et un prurit, sont fréquemment associées au baume du Pérou et à ses constituants (aldéhyde cinnamique, acide benzoïque, alcool benzylique, acide sorbique). Ces réactions peuvent être immunologiques ou non immunologiques (14).

Troubles respiratoires

Les parfums sont volatils et, par conséquent, en plus de l’exposition cutanée, un parfum expose également les yeux et les voies naso-respiratoires à des troubles. Il y a déjà 35 ans, on soupçonnait et confirmait plus tard que les parfums pouvaient induire ou aggraver des problèmes respiratoires, y compris des crises d’asthme. Actuellement, on estime que 2% à 4% de la population adulte est affectée par des symptômes respiratoires ou oculaires dus à de telles expositions. Les symptômes fréquemment rapportés sont les yeux secs, les démangeaisons ou les larmoiements, irritation nasale, congestion et éternuements, ainsi que des irritations de la bouche et de la gorge, l’essoufflement et la toux (15).

 
En pratique :

Penser aux agents parfumants, tels que les produits cosmétiques ou les détergents, en cas de troubles cutanés, oculaires ou respiratoire peut faire minimiser les risques d’aggravation de symptômes liés à ce type de produits.

La déclaration à la pharmacovigilance permettra de faire connaitre d’autres produits allergisants non encore connus à ce jour.

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  11. Mathias CG ” Perioral leukoderma simulating vitiligo from use of a toothpaste containing cinnamic aldehyde ” Arch Dermatol 1980 ; 116 : 1172-1173.
  12. Nakayama H et coll. “Pigmented contact dermatitis” Int J Dermatol 1976 ; 15: 673-675.
  13. Serrano G et coll. “Riehl’s melanosis: Pigmented contact dermatitis caused by fragrances” J Am Academ Dermatol 1989 ; 21 : 1057-60.
  14. Forsbeck M et coll. ” Immediate reaction to patch tests to balsam of Peru ” Contact Dermatitis 1977 ; 3 : “201-5.
  15. Elberling J. “Respiratory symptoms from fragrances and the link with dermatitis ” Contact Dermatitis 2011 ; 23 : 429–436

Comment connaître la date limite d’utilisation du produit de toilette de mon bébé ?

Les informations sur la durabilité sont indiquées sur l’emballage du produit de toilette de votre enfant.

  • Si la durabilité est inférieure à 30 mois, le produit porte la mention ” à utiliser de préférence avant…”
  • Si la durabilité est supérieure à 30 mois, la mention de la ” Période après ouverture” (PAO) est indiquée par le symbole d’un pot ouvert avec la durée (ex. : “24M” = 24 mois) pendant laquelle le produit peut, une fois ouvert, être utilisé sans problème, sous réserve d’être conservé dans des conditions normales. Passé ce délai, il est déconseillé d’utiliser le produit.

A noter, la PAO ne s’applique pas aux produits à usage unique (produits “unidoses”), aux produits sans contact avec l’extérieur (aérosols), aux produits sans risque de détérioration (eaux de Cologne, parfums).

La peau de bébé est plus fragile que la peau d’un adulte ?

La peau est une barrière contre les agressions extérieures. Elle est composée de trois couches : l’épiderme, le derme et l’hypoderme. La peau de votre bébé et la peau d’un adulte disposent de cette même structure.

L’épiderme de votre bébé est identique à celui d’un adulte. Par conséquent, la peau de votre bébé a une fonction de barrière cutanée et une épaisseur épidermique similaires à celles d’un adulte.

En revanche, le derme et l’hypoderme de votre bébé sont différents de ceux d’un adulte. Les épaisseurs et les fonctionnalités de ces deux couches cutanées chez votre enfant ne sont pas identiques à celles d’un adulte. La perte en eau, par exemple, n’est pas la même ; c’est pourquoi votre bébé peut se déshydrater très rapidement.

Toutefois, ces différences ne signifient pas que la peau de votre enfant est plus fragile que celle d’un adulte.

Seuls les prématurés ont une peau plus fragile que celle d’un adulte.

Dois-je appliquer une crème spécifique si le bébé souffre d’atopie ?

Peau atopique ou dermatite atopique (eczéma) : est une maladie de la peau dont les symptômes sont, entre autres, une peau sèche couverte de plaques rouges et des démangeaisons.

Si votre enfant a une peau atopique, ou des lésions, nous vous conseillons de consulter votre médecin traitant, il pourra éventuellement vous conseiller des produits cosmétiques particulièrement adaptés.

Trouve-t-on n’importe quel ingrédient dans le produit de toilette bébé ?

Les ingrédients incorporés dans les produits de toilette pour bébés font l’objet, comme pour tout produit cosmétique, de contrôles très stricts.

Par ailleurs, bien que la barrière cutanée d’un bébé soit identique à celle d’un adulte, certains ingrédients autorisés pour les produits cosmétiques pour adultes (par exemple l’acide salicylique) sont interdits dans les produits de toilette pour bébés, car :

  1. Les enfants de moins de trois ans disposant d’un système immunitaire immature, sont plus sensibles à certaines substances que les adultes, et sont donc susceptibles de déclencher une réaction allergique ;
  2. Mis sous occlusion (autrement dit dans un espace fermé, chaud et humide), certains ingrédients peuvent présenter un caractère irritant. Le port de la couche augmente le risque d’irritation des fesses d’un bébé ;
  3. Le rapport entre la surface du corps et le poids d’un nourrisson n’est pas le même que celui d’un adulte ; par suite, la quantité de produit appliquée sur un bébé est proportionnellement supérieure à celle appliquée sur un adulte.

Dernière Mise à jour : Juillet 2017

Les tatouages temporaires au henné noir peuvent provoquer des réactions allergiques graves. Depuis quelques années, les dermatologues ont constaté un nombre croissant de réactions allergiques sévères provoquées par des tatouages éphémères au henné contenant de la para-phénylènediamine (PPD).

La PPD est une substance très allergisante, autorisée dans les teintures pour cheveux, mais interdite dans les produits à appliquer directement sur la peau. Avec le henné pur, les réactions allergiques sont rares. Quand les préparations colorantes ne contiennent que du henné, il faut plusieurs heures pour colorer la peau et la coloration obtenue est orange à marron rouge.

Si de la PPD est ajoutée, le dessin sera plus noir et apparaîtra plus rapidement, mais le risque d’allergie est alors très important.

Les réactions allergiques provoquées par la PPD apparaissent généralement 2 à 3 jours après l’application du tatouage éphémère chez un sujet déjà sensibilisé, mais ne peuvent apparaître qu’après une dizaine de jours, quand le tatouage est à l’origine d’une sensibilisation primaire (ce qui est souvent le cas d’ailleurs). Différents symptômes ont été observés : démangeaisons, rougeurs, boutons, ampoules, érosion… Une hyper pigmentation de la peau et des cicatrices peuvent persister.

En principe, la sensibilité persiste à vie avec un risque de développer ensuite des allergies à tous les produits qui contiennent de la PPD ou des produits analogues, notamment les teintures capillaires, certains colorants textiles, caoutchoucs, filtres solaires, voire même certains médicaments.

Lorsque de telles réactions apparaissent, il faut contacter rapidement son médecin ou son dermatologue qui prescrira le traitement adéquat.

Ces tatouages éphémères sont généralement réalisés par des artistes ambulants, sur les plages, dans des foires. Les jeunes en sont particulièrement friands.

A l’étranger, les tatouages au henné sont souvent proposés aux touristes.

De son nom scientifique Ricinus communis L, le ricin est une plante originaire du Nord-Est africain et du moyen orient.Actuellement plus de 95% de sa culture dans le monde est concentrée  en Inde, en Chine et au Brésil (1).

En dépit de sa toxicité inconnue à l’époque, le Ricinus a été employé dans la médecine égyptienne et grecque classique (2). Ses vertus laxatives étaient connues dans l’Égypte ancienne, et elles sont décrites dans l’Ebers papyrus[1] (2).

Les graines de Ricinus communis L ont été employées dans différents pays  comme cathartique2émétiqueet dans le traitement de la syphilis et de la lèpre, et aussi comme moyen contraceptif en Corée, en Inde et en Algérie (2).L’huile de ricin était aussi dédiée à des usages cosmétiques (3).

Les graines de ricin sont oléagineuses, elles contiennent approximativement (50% d’huile-18% de protéines)(2).

L’huile de ricin est indiquée dans plusieurs domaines :

  1. En pharmacie : les vertus laxatives de l’huile de ricin sont connues depuis très longtemps. Mais son usage à effet laxatif est maintenant formellement proscrit. Cependant à l’heure actuelle ce sont ses propriétés en tant qu’excipient qui sont utilisées .Malgré cela on trouve des cas d’intoxication ou les patients continuent toujours à l’utiliser pour son effet laxatif(3)
  2. Dans l’alimentation : l’huile de ricin est référencée comme additif alimentaire dans le Codex Alimentarius(3).
  3. En cosmétologie : il est largement utilisé dans la fabrication des différents produits tels les rouges à lèvre et les lubrifiants (2).

Ricinus communis L est classée parmi les plantes toxiques .Sa toxicité est  due à ses deux composantsprotéiques:

  • A la ricine (RCA 60).
  • Au Ricinus communis agglutinine 120(RCA120) .

Elle est due également à l’action de l’huile de ricin.

On peut résumer les principaux effets dans  le tableau suivant :

SubstanceCaractéristiques des substances

Protéines
La ricine
(RCA 60)
Elle appartient aux toxiques désignés sous le nom de protéine d’inactivation de ribosome de type II (2).La ricine est une toxine fortement efficace(2).
1-Mécanisme : la ricine reconnaît les sucres complexes portés par les glycoprotéines et les glycolipides ainsi leur présence en grande quantité sur la plupart des types cellulaires explique le spectre d’activité très large de la toxine(4).
Le traitement de l’intoxication est symptomatique, il n’y a pas d’antidote spécifique (2).
2-Signes d’intoxication par rapport à la voie d’administration :
-L’ingestion : L’empoisonnementsuite à l’ingestion des graines, la dose létale per os chez l’homme est 1-20 mg /kg (approximativement 8 graines) (2).
Elle est moins toxique par ingestion orale que par d’autres voies(par la dégradation enzymatique digestive) (2).
La symptomatologie clinique apparaît dans 4-6 heures (parfois plus de 10 heures).
Les signes sont non spécifiques (nausées, vomissement, douleurs abdominales, diarrhées, rectorragie, anurie, crampes, mydriase, fièvre, céphalées et coma)(2).
-L’application cutanée: est moins fréquente car la ricine est mal absorbée à travers la peau intacte. Mais elle peut pénétrer directement dans le courant sanguin à travers la plus petite blessure (2).
-La voie IM ou S/C : l’injection de doses élevées de ricin chez l’homme entraine une nécrose lymphoïde locale grave, une hémorragie gastro-intestinale, une nécrose du foie et une splénite diffuse (2).
C’est l’exemple du parapluie bulgare en 1978 ou l’écrivain bulgare Georgi Markov a eu une dose létale de la ricine dans son mollet (3).
-L’Inhalation : elle réalise un syndrome allergique, rapporté chez les ouvriers exposés à la poussière de la ricine au cours de l’extraction de l’huile (2).
Le Ricinus agglutinine 120
(RCA 120)
-C’est une lectine4 très efficace, à la différence de la ricine qui est cytotoxique directe(2).
-Elle a une affinité plus élevée pour les globules rouges entrainant leurs agglutinations (2).
L’huileL’huile de ricinIl constitue 35% à 55% du poids des graines, c’est un triglycéride dont l’acide gras principal est l’acide ricinoléique (2).
L’huile de ricin est un laxatif puissant, elle appartient à la famille des laxatifs stimulants (laxatifs irritants), après son administration il va subir l’action des lipases pancréatiques qui l’hydrolysent en deux principes actifs : le glycérol et l’acide ricinoléique. Tout l’effet purgatif avec la perte importante de liquide et des électrolytes est dû à l’action de l’acide ricinoléique (2).
– L’intoxication se manifeste par : des douleurs et des crampes abdominales, des coliques, des nausées et des vomissements.
-L’huile de ricin est abortive et cause des contractions utérines(5), elle n’a pas sa place dans le traitement de la constipation pendant la grossesse (6).
L’exposition aucours du premier trimestre de grossesse : entraineun risque de fausse couche avéré avec un possible risque malformatif. Au deuxième et troisième trimestre de la grossesse et près de la naissance, il stimule les contractions utérines et expose à des anomalies du rythme cardiaque fœtal, des ruptures utérines et des embolies amniotiques (6).
AutresLa ricinine-La ricinine est extraite à partir de la farine dégraissée des graines de Ricinus communis L avec de l’éthanol(2).
-Après ingestion : desnausées, des vomissements, des hémorragies gastriques, des atteintes hépatiques et rénales, des convulsions, une dépression respiratoire avec coma et la mort (2).

4voir glossaire.

Glossaire :

  • Ebers papyrus1 : c’est l’un des plus anciens traité de la médecine, rédigé au XVIe siècle avant notre ère, en Égypte pendant le règne d’Amenhotep 11er.
  • Cathartique2 :c’est toute substance ou médicament qui exercent un effet purgatif (laxatif).
  • Emétique3 : substances capables de provoquer des vomissements.
  • Lectine4 : des glycoprotéines que l’on retrouve à forte concentration dans la plupart des graines des légumineuses sèches (lentille, fève ; pois) et aussi de façon plus large dans la nature(autres familles de plante, champignons, des animaux aussi).

BIBLIOGRAPHIE :

Lien :

D’après l’OMS, 80% de la population mondiale a recours aux plantes pour se soigner, et ceci sous plusieurs formes. La phytothérapie est très populaire, en Algérie. Elle gagne, de plus en plus, d’adeptes, comme partout dans le monde.

Malheureusement naturel n’est jamais synonyme d’anodin puisque les plantes renferment dans leur composition chimique, des substances aussi puissantes que celles des médicaments conventionnels.

Lorsque les doses habituelles d’emploi ne sont pas respectées, ou chez certains sujets fragilisés, des effets secondaire peuvent donner lieu à :

  • une atteinte du système nerveux central avec convulsion, excitabilité, et même anxiété : sauge ;
    sauge
  • des troubles digestifs comme des diarrhées : eucalyptus, ail, essence de menthe, mais aussi des nausées ;
  • des modifications des fonctions rénales, avec albuminurie et hématurie, notamment avec les drogues et dérivés anthracéniques, le genévrier, mais aussi de l’anurie, avec les graines de persil ;
  • des troubles hématologiques avec thrombo-cytopénie : quinquina
    quinquina
  • des problèmes respiratoires avec bronchospasme : essences de pin ;
    essences de pin
  • ldes phénomènes d’allergie, voire de choc anaphylactique : cannelle, camomille romaine, céleri ;
  • des problèmes dermatologiques : arnica ;
    Arnica
  • de l’œdème : réglisse ;
    Réglisse
  • des migraines : cacao …
    Cacao

Bien entendu, ces quelques exemples ne sont nullement exhaustifs, mais doivent mettre en garde le public, et aussi les professionnels de santé contre les éventuels risque d’un mauvais usage.

Dernière Mise à jour : Mars 2017